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Photo : Michel Dubreuil
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Sophie Casson |
BiographiePetite fille, Sophie Casson était certaine d’une chose : elle ne voulait pas travailler en costume derrière un bureau. Elle préférait le monde de la création. Elle crayonnait déjà beaucoup et suivait des cours de dessin. Les années passent. Ses parents ne souhaitent pas voir leur fille se lancer dans une carrière incertaine. Sophie Casson respecte leur décision. Elle obtient donc un DEC en sciences économiques et s’inscrit ensuite aux Hautes Études Commerciales de l'Université de Montréal. Mais sa passion pour le dessin est de plus en plus forte, réaliser son rêve est de plus en plus important. Et voilà Sophie Casson avec un DEC et un baccalauréat en design graphique. Notre jeune diplômée sait que les premières années seront difficiles, mais après avoir obtenu une subvention, les contrats se multiplient.
Sophie Casson travaille pour des magazines, des maisons d'édition de manuels scolaires et de livres pour enfants. Dominique et compagnie lui offre son premier contrat en littérature jeunesse. Du bout des doigts le bout du monde, un roman signé par Nathalie Loignon, nous emmène dans un univers peu connu, celui des non-voyants. Les illustrations de Sophie Casson donnent de l’ampleur aux phrases délicates et précises de l’auteure. La naïveté des traits des personnages et la douceur des couleurs choisies soulignent la beauté et la profondeur du récit. Maïa, l’héroïne, n’a jamais vu et ne verra jamais. Elle s’est approprié le monde et ses richesses à sa façon. Beaucoup d’images existent dans sa tête. Sophie Casson rend Maïa très présente tout au long du récit. Face au globe terrestre, elle rêve de son père. Allongée sur le tapis, elle écoute sa mère lui lire les lettres de son père. Dans son bain, elle pense à son anniversaire. Heureuse ou malheureuse, elle reçoit ses cadeaux. Maïa ne voit pas, mais elle connaît la vie et ce qu’elle renferme de beau et de moins beau. Sophie Casson utilise tout son art pour nous le faire ressentir.
Révélations loufoquesQuel genre d'enfant étiez-vous à l’école ? Plutôt réservée, sage, relativement studieuse, rêveuse.
Racontez-nous une de vos plus grosses bêtises. Une bêtise faite avec permission : mon grand-oncle Raoul, plutôt chauve, me portait sur ses épaules et me laissait lui cracher sur la tête pour lui faire un shampooing...
Quel est votre meilleur souvenir de lecture ? J’ai appris à lire en français après avoir commencé mon éducation scolaire en anglais, et je me suis laissée emporter dans le monde de Oui-Oui.
Quels sont les personnages de fiction que vous préférez ? Gaston Lagaffe, Mafalda, Nikita (film), Grommit, Bob and Margaret.
Quelles sont vos sources d'inspiration ? Modigliani, Picasso, mon autoportrait, les relations humaines de façon générale, les arts folkloriques.
Quand et pourquoi avez-vous décidé de vous consacrer à la littérature jeunesse ? L’occasion s’est présentée, le défi m’a plu. C’est une facette assez récente dans ma carrière. J’aime penser que les enfants vont se laisser absorber par une histoire, entre autres grâce aux images qui accompagnent le texte et qui aident à nourrir leur imaginaire.
Que ressentez-vous quand vous écrivez ou illustrez un livre pour enfants ? C'est très différent du travail éditorial. Ce type d'illustrations est souvent descriptif, alors je mise beaucoup sur l’aspect graphique, la beauté de la mise en page. Ce que j’aime dans les livres pour enfants, c’est travailler la qualité émotive des personnages, comme si je vivais leur histoire. C’est ce qui me rend capable de leur donner des attitudes, de l’émotion. En fait, je me sens vivre avec les personnages, comme s’ils étaient vrais !
Quand, où et comment travaillez-vous ? Je travaille dans mon atelier, de 9 h à 17 h, chez moi, au deuxième étage de notre duplex qui est très éclairé. J’ai un fauteuil vert lime dans lequel je lis mes textes et je réfléchis. C’est à ma table à dessin que je griffonne toutes les idées qui me viennent avant même le découpage du texte : de quoi auront l’air les personnages, les différentes scènes... Les premières idées sont souvent très utiles quand arrive le moment de faire les esquisses, car ces dessins faits sur le vif sont empreints des émotions spontanées laissées par le texte. D’ailleurs, je fais souvent mes esquisses presque d’un seul coup. C’est une des conditions pour que j’accepte d’illustrer un texte; il faut d’emblée qu’il me parle, de façon à ce que les images ne soient pas laborieuses à créer. J’envoie ensuite mes croquis par télécopieur au directeur artistique, qui me fait ses recommandations. Je fais des changements s’il y a lieu, puis je me mets au travail pour exécuter les illustrations finales. J’utilise du papier aquarelle, de la gouache et de l’encre. Je travaille avec une table lumineuse de façon à reproduire autant que possible la fraîcheur de mon esquisse. Cette partie de mon travail est plus longue, plus technique. Quand le tout est terminé, je protège mes dessins avec du papier calque, les glisse dans une enveloppe qu’un messager vient chercher et les laisse entre les mains d’un graphiste qui aura le talent de tout mettre en page.
Révélez-nous un détail intéressant qu'aucun journaliste ne connaît ! On a dû reporter de plusieurs mois la parution de mon premier roman jeunesse (chez Dominique et compagnie) parce que j’ai accouché prématurément de mes jumeaux ! L’équipe avec qui je travaillais a été très compatissante, a trouvé une solution de rechange très rapidement et ne m’a fait vivre aucune pression. J’en profite pour les remercier à nouveau.
Que souhaitez-vous dire à vos lecteurs ? Le métier d’illustrateur, c’est à dire quelqu’un qui dessine tous les jours pour gagner sa vie, ça existe !
Une petite question hors sujet pour terminer : quel est votre plat préféré ? Je vais plutôt vous faire la description de mon menu idéal : En entrée, un petit truc exotique que je n’ai jamais mangé.Comme plat principal, homard, crabe des neiges.Puis du Caprice des Dieux avec une salade verte.Et pour dessert, la tarte aux pommes de ma maman, qui a le meilleur parfum du monde: celui de tous les souvenirs de tendresse et de sécurité de mon enfance.Et si c’est un soir ordinaire de semaine, un bon spaghetti ou une bonne soupe maison.
Bibliographie
Animation(s) proposée par Sophie Casson
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