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Louis Émond



Biographie

Louis Émond est né à Verdun, cinquième d'une famille de sept enfants. Demeurant aujourd'hui à Saint-Bruno-de-Montarville, il est marié et père de deux filles et d'un fils.

Après des études au Collège de Montréal et au Collège André-Grasset, Louis Émond s'inscrit au baccalauréat en enseignement à l'Université McGill et, après ses études, enseigne dans une école pré-maternelle anglophone, puis en 6e année du primaire durant 22 ans, d'abord à Saint-Bruno-de-Montarville, puis à Saint-Basile-Le-Grand.

Au fil de ses années d'enseignement, Louis Émond monte plusieurs pièces de théâtre avec ses élèves, notamment la traduction de A Christmas Carol, de Charles Dickens, La Machine à beauté, de Raymond Plante et Les petits pouvoirs de Suzanne Lebeau. Il monte aussi des pièces qu'il écrit lui-même dont Comme une ombre, qui sera publiée aux éditions Québec-Amérique.

Parallèlement à sa carrière d'enseignant, Louis Émond développe une carrière d'écrivain mais aussi de rédacteur, travaillant notamment pour La Presse où il coécrit durant trois ans une page appelée La Presse des six-douze dans laquelle l'actualité est mise à la portée des jeunes du primaire, une idée qui sera ensuite reprise durant neuf ans pour Le Journal 7-15 qui deviendra Le Monde d'Émond, un journal télématique.

Louis Émond publiera aussi, au cours des années 1990, des romans et des nouvelles pour la jeunesse. Parus aux éditions Pierre-Tisseyre, les romans Taxi en cavale et Un si bel enfer marqueront le début de sa carrière. Paraîtront ensuite deux recueils de nouvelles à saveur fantastique - un genre qu'il affectionne - intitulés La Guéguenille et Trois séjours en sombres territoires. Ce dernier sera finaliste au prix Montréal-Brive et se classera 4e au palmarès de Livromanie, une première pour un recueil de nouvelles.

Au début des années 2000, invité par le magazine Enfants Québec à partager ses connaissances et son expérience en matière d'éducation, il rédigera durant sept ans plus d'une cinquantaine de chroniques sur autant de sujets liés au monde scolaire. Cette collaboration lui permettra d'ailleurs de remporter, en 2003, le grand prix de l'Association des éditeurs de magazines du Québec dans la catégorie « Chroniques ».




Révélations loufoques

Quel genre d’enfant étiez-vous à l'école ?
Très timide de nature, voire timoré, je ne dérangeais à peu près jamais et faisais consciencieusement ce que j’avais à faire. Cependant, j’avais tendance à partir dans la lune, ce qui me causait parfois des soucis. Heureusement, je travaillais et apprenais très vite. Cela me permettait de combler les retards causés par ma nature distraite, et même de lire ou d’écrire quand je finissais avant les autres.

Et maintenant, ô vous qui lisez ceci, sachez que la rêverie est un refuge agréable, mais que l’on risque d’y rester si on ne le quitte jamais. (Lapalissade no 14)

Racontez-nous une de vos plus grosses bêtises.
Cinquième enfant d’une famille de sept, j’ai dû travailler à temps partiel très tôt dans ma vie afin de couvrir mes dépenses personnelles.
Un soir - j’ai quatorze ou quinze ans - alors que je suis en train de lire, je me rends compte que je travaille dans moins d’une heure. J’enfile en vitesse tuque, manteau, bottes et mitaines pendant que mes parents m’inondent de reproches au sujet de mon étourderie.
Je sors et me précipite, au milieu d’un véritable blizzard, vers l’arrêt d’autobus.
En arrivant au bout de la rue, je vois venir le lourd véhicule. Je fais de grands signes avec les bras. La tempête de neige qui sévit aurait-elle obstrué la vision du chauffeur?
Peut-être.
Mais ne l’ai-je pas vu sourire quand une roue de son mastodonte est passé dans une flaque de gadoue - aussi appelée “slush” - m’aspergeant des épaules aux genoux?
Non seulement viens-je de rater mon bus et ma dernière chance d’arriver à l’heure au travail, mais en plus, je suis sale et mouillé. Je marche vers la rue qui se trouve à trois pâtés de maison plus haut afin de prendre un autre autobus. Je bouille de colère.
Soudain, j’aperçois une de ces grosses boîtes vertes servant à entreposer le courrier. Hurlant, je cours et, du poing droit, je frappe la boîte de toutes mes forces.
Arrivé au travail, mon patron regarde mon poing mauve et enflé.
Je lui explique que je suis tombé.
À l’hôpital où il m’a expédié, on diagnostique une double facture des métacarpes et phalanges proximales. On me bande temporairement la main et on m’invite à revenir le lendemain, car l’orthopédiste est retenu chez lui par la tempête.
Le lendemain, on me brise les os qui avaient déjà commencé à (mal) se ressouder, on les replace et on me plâtre la main.

Et maintenant, ô vous qui lisez ceci, sachez que, comme la jalousie, la colère est mauvaise conseillère, surtout quand elle vous fait commettre des bêtises. (Lapalissade no 3)

Quel est votre meilleur souvenir de lecture ?
Né dans une famille de sept enfants - vous l’ai-je dit? - le bruit régnait en permanence chez moi. Or, j’avais découvert un lieu assez retiré attenant à la cave, une sorte de vestibule que mon père appelait “le tambour”, où je pouvais m’adonner au plaisir de la lecture.
Ce lieu, plus qu’un livre, est sans doute ce qui constitue mon meilleur souvenir de lecture et la raison pour laquelle “lire” et “m’évader” sont devenus synonymes.
J’y ai lu mes premiers Tintin, mes premiers Astérix, mes premiers Spirou et quelques Martin le malin - tellement mal dessinés! - de même que mes premiers romans comme Michel Strogoff , de Jules Vernes, Oliver Twist de Charles Dickens, et les innombrables romans policiers d’Agatha Christie, sans oublier les aventures de Bob Morane. Puis ce fut Dostoïevski, Anatole France, Gabrielle Roy, Edgar Poe, Bram Stoker, Mary Shelley, Jean Ray…

Et maintenant, ô vous qui lisez ceci, sachez qu’un lieu que vous seul connaissez est sans doute le meilleur endroit pour se retrouver seul. (Lapalissade no 11)

Quels sont les personnages de fiction que vous préférez ?
Les personnages de fiction que je préfère sont ceux qui ne sont pas parfaits. Tout homme et toute femme a plus d’une dimension, plus d’une facette, et c’est justement l’affrontement entre ces différents éléments qui rend un personnage attachant et vrai. Je me souviens de cet historien qui avait divisé sa biographie de Voltaire en trois parties : 1 - Voltaire était un salaud 2 - Voltaire n’était pas un salaud 3 - Qui était Voltaire? Le même homme raconté par le même auteur. C’est ce genre de personnage que je trouve le plus intéressant. Si les héros parfaits sont plats et ennuyeux, les méchants qui sont juste méchants le sont tout autant. Quel beau défi que celui d’arriver à faire aimer un vilain par les lecteurs et les lectrices?
Et maintenant, ô vous qui lisez ceci, sachez que tout personnage, que ce soit d’Artagnan ou Zorro, n’aurait que des qualités si on lui accordait pas quelques défauts. (Lapalissade no 2)

Quelles sont vos sources d'inspiration ?
Sans trop réfléchir, je dirais mes rencontres, mes mésaventures, mes souhaits, mes colères, mes révoltes, mes attendrissements, mes lointains souvenirs, mes peurs, mes bonheurs, mes épreuves et mes lectures. Je peux aussi être inspiré par ce que les autres me racontent de leur vie, ce qui revient à “mes rencontres”.
L’ennui c’est que, comme la plupart des auteurs je suppose, je ne sais jamais quand l’inspiration frappera. Mais quand elle entre en moi, entre dans mon cœur et remonte à mon esprit, mes yeux se remplissent d’eau et je ressens l’urgence d’écrire cette histoire. Mais en même temps je ressens… de la peur.
Parce que l’histoire est souvent plus belle au moment de sa conception, quand elle est toujours dans sa forme abstraite et pas encore alourdie par les mots. Et tout le travail de l’écrivain est là : trouver les mots qui rendront avec justesse l’idée de départ.
C’est sans doute pourquoi je trouve que mon dernier livre - qu’il soit album, roman ou recueil de nouvelles - est toujours ce que j’ai fait de mieux sur le plan de l’écriture.

Et maintenant, ô vous qui lisez ceci, sachez qu’il faut vivre avant d’écrire parce qu’écrire, c’est revivre. (Lapalissade numéro 13)

Quand et pourquoi avez-vous décidé de vous consacrer à la littérature jeunesse ?
J’étais un jeune prof de sixième année et je lisais des histoires de partout à mes élèves. Or, un beau jour, je me suis mis à écrire mes propres histoires avec une leçon, une morale liée à quelque chose qui se passait dans la classe. Ainsi, je me souviens d’un élève qu’on taquinait beaucoup - c’est un euphémisme! - au sujet de quelque gaffe qu’il avait commise en 1re ou 2e année. Cette faute l’avait suivi jusqu’en 6e.
Un matin, courageusement, il demanda aux élèves de, s’il vous plaît, cesser de le faire “suer” avec cette histoire, qu’il en avait marre de cette image qui lui était accolée depuis 4 ans.
La semaine suivante, pour renforcer sa demande, j’avais écrit un conte, “Le miroir incassable”, dans lequel un miroir renvoyait toujours à celui qui se regardait dedans la même image déformée. Et ce miroir ne pouvait être brisé…
Les élèves firent le lien et je crois me souvenir que les quolibets ont alors cessé.

Et maintenant, ô vous qui lisez ceci, sachez qu’écrire pour les jeunes, c’est la même chose qu’écrire pour les adultes, sauf que ce qu’on a écrit intéresse aussi les jeunes. (Lapalissade numéro 20)

Révélez-nous un détail intéressant qu'aucun journaliste ne connaît !
Personne ne le sait mais j’ai une véritable phobie de l’embonpoint.
Je sais qu’à mon âge, c’est très facile de devenir vraiment trop gros, surtout l’hiver alors que le froid nous porte à manger davantage et, dans mon cas, à ne pas faire autant d’exercice. Heureusement, le printemps venu, je ressors mon vélo, puis l’été il y a la piscine, et l’automne, toujours le vélo. Et plus je fais d’activités physiques, moins je ressens la faim pendant la journée. Voilà donc mon dernier petit secret finalement révélé.

Et maintenant, ô vous qui lisez ceci, sachez qu’il n’y a pas de honte à parler de ses phobies à condition que l’on ne souffre pas à la fois de katagélophobie et d’éreutophobie. (Lapalissade numéro 7)

Que souhaitez-vous dire à vos lecteurs ?
Simplement que la vie est belle et qu’elle vaut la peine d’être vécue.
Et que, pour qu’elle soit plus belle encore, rien ne vaut la multiplication de ses plaisirs… par deux. Ou davantage. Et pour cela, il faut aller vers l’autre. Coûte que coûte.
Quand j’ai aimé un livre, par exemple, ou un film, rien ne me fait plus plaisir que d’en parler et de partager le plaisir que j’ai eu à le lire avec ma femme, mes enfants, mes amis, les jeunes que je rencontre. Même chose quand j’écris.
J’aime aussi parler aux gens des livres que j’ai écrits, non pas par égocentrisme - oui, bon, peut-être un peu aussi quand même… - mais surtout parce que cela me permet de retourner dans un univers que j’aime et y retrouver des personnages qui m’ont habité comme Monsieur Pampalon, par exemple, ou Théo, ou Zou, ou… Beethoven!

Et maintenant, ô vous qui lisez ceci, sachez que lorsque sa petite amie devient enfin son épouse, l’on devient du même coup son mari. C’est comme ça. (Lapalissade numéro 1)

Quand, où et comment travaillez-vous?
Quand? Le matin, surtout. Après que ma compagne est partie travailler.
Où? L’été, le printemps et l’automne, je m’installe souvent dehors, sous l’abri de jardin; s’il y a menace d’orage ou s’il fait trop froid, je vais dans la salle à manger qui est toute vitrée.
L’hiver, je travaille dans mon bureau rempli de livres, dans la salle à manger en regardant la neige tomber ou, quand je veux vraiment me gâter, au salon, où je me fais une flambée et j’écris en entendant les cric! cric! crac! du bois qui brûle dans le foyer.
Comment? J’écris, sans relâche, en me relisant souvent, jusqu’à ce que j’aie trouvé le ton que je veux pour l’histoire que je suis en train d’écrire. Alors enfin, je pars…
Et l’énergie que je réclame pour créer me procure de l’énergie en retour.
C’est presque une affaire de mouvement perpétuel.

Et maintenant, ô vous qui lisez ceci, sachez que plus j’écris et plus j’en écris. C’est comme ça aussi. (Lapalissade numéro 4)

Une petite question hors sujet pour terminer : quel est votre plat préféré ?
Le plat préféré n’existe pas vraiment pour moi. Le plat préféré, c’est celui qui vous est offert par amour. Les plats que l’on se fait soi-même juste pour soi, sont du coup d’excellents indicateurs de l’amour que l’on se porte. Cela dit, j’aime tant de choses : la tarte aux pacanes, le chocolat, toutes la plupart des recettes de pastas, les sushis, les brochettes d’agneau, les curry, un bon couscous, le blé d’inde en épi, la tourtière du lac, les tomates bocconcini, la pizza, MES hamburgers…

Et maintenant, ô vous qui lisez ceci, sachez que pour être aimé des autres, il faut bien faire la cuisine et s’aimer soi-même au moins un tout petit peu, mais pas trop non plus. (Lapalissade numéro 5)


Bibliographie

 
Livres publiés sous la marque DOMINIQUE ET COMPAGNIE
L’étrange peur de Monsieur Pampalon
 


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